(Dans son restaurant, avec Chantal).

Dans son restaurant la Casa Sansa, encastré dans la ruelle Fabrique-d’En-Nadal, à deux pas de la Loge, face à l’Hôtel-de-Ville, Jean-Marie PUJADE recevait quotidiennement le Tout-Perpignan. C’est chez lui que la vie locale s’organisait : artistes, commerçants, chefs d’entreprise, hommes politiques, élus, décideurs… Tous venaient s’attabler à la Casa Sansa qui était “LE” passage obligé pour traiter les affaires, quelles qu’elles soient. Entre la poire et le fromage, on en oubliait (presque) que la Casa Sansa c’était aussi un restaurant !

Lieu unique à Perpignan, et dans toute la Catalogne !, l’endroit recevait l’élite catalane, celle qui restait plus proche d’une vision identitaire romantique que de la réalité.

Souvent décrié comme un personnage fantasque – il en assumait d’ailleurs parfaitement le rôle et, surtout, les conséquences – Jean-Marie PUJADE, entre deux séquences télévisées pour assurer la promotion de la cuisine méditerranéenne en général, catalane plus particulièrement, était capable de se coiffer d’une baratine réalisée spontanément à partir d’un rouleau de papier Q pour recevoir dans son établissement un Préfet. Il était comme ça, Jean-Marie PUJADE : i-ni-mi-ta-ble !

Ces plaidoiries-fantaisies ne l’empêchaient pas de servir l’un des meilleurs foies gras sous le ciel du Roussillon. Avant-gardiste incontesté (et incontestable) il avait prôné le “manger local” bien avant la mode de la traçabilité dans nos assiettes. Les produits agricoles vedettes de notre région (le Pays Catalan) n’avaient plus de secret pour lui, tellement au fil de ses interventions culinaires et de son imagination il en avait fait le tour et le détour. Les viandes, les charcuteries, les poissons, les salades, les fromages “de aqui”, les confitures, les vins de nos terroirs : il en faisait l’itinéraire gourmand et passionnant de la carte de la Casa Sansa.

Quelquefois, c’est vrai, il dérapait, mais c’était pour la bonne cause, pour ses idéaux, pour ses convictions, en cuisine comme en politique, entouré d’artistes, d’acteurs ou de journalistes.

Son restaurant – dont l’enseigne demeure, à l’extérieur comme à l’intérieur – n’a jamais été remplacé au niveau du “climat perpignanais” dont chacun(e) se (com)plaisait à venir savourer les montées de température. Davantage qu’un restaurant, la Casa Sansa (avec Jean-Marie PUJADE et son épouse Chantal CANDILLE) était une sorte “d’outil au service de l’esprit catalan”, un théâtre pour militants du bon goût. Jean-Marie PUJADE, derrière ses fanfaronnades, était un vrai esthète de la Vie, un personnage coloré à l’image de ces marchés de Provence, à la fois riche et diversifié, toujours consciencieux dans son approche professionnelle. Il nous a quittés à l’âge de 69 ans, le 10 avril 2014.

 

(Avec Marie-Pierre BAUX, la créatrice du festival Les Estivales de Perpignan).