Le 19 janvier 2014, nous écrivions dans ces mêmes colonnes : « Voilà un an et demi qu’un exilé économique d’Espagne dort dans sa voiture à la promenade des platanes… ». Il s’appelait Mustafa. Aujourd’hui, c’est Frédéric qui connaît la même situation. Non pas aux platanes, mais bien, sur la place Arago. Et ce n’est pas des ragots !

L’histoire serait-elle un éternel recommencement dans ce qu’elle a de plus détestable ? Nous sommes en droit de nous poser la question.

Frédéric dort dans sa voiture depuis le mois d’octobre ; avant, dans un fourgon

Les emplois précaires se succèdent. Dans la dernière période, Frédéric travaillait au GEIQ ( Groupement d’Employeurs pour l’Insertion et la Qualification ). En fait, avec un BEPA agricole ( élévage-production laitière) en poche, Frédéric se retrouve à suivre des cours du Greta dans les locaux de la CCAS (comité entreprise EDF). C’est le supplétif qu’il a trouvé pour ne pas être ennuyé avec son droit au RSA. Précisons qu’au mois de novembre son allocation aura était de 257, 33 euros.
En terme de qualification, les utilisateurs du GEIQ, ne sont pas vraiment privilégiés sommes-nous tentés de dire.
Solidarité oblige, des voisins sont là pour apporter du réconfort. Un petit café le matin, une soupe le soir avec un morceau de pain. Ils ne sont pas plus chanceux que Frédéric. Eux aussi vivent la précarité au jour le jour. Le « Secours Catholique » intervient également pour apporter l’aide alimentaire.
Après une conversation téléphonique pour prendre rendez-vous avec monsieur le maire Roger Ferrer, l’agent contacté, assure que l’édile prendra certainement contact avec l’intéressé. À ce jour rien ! Pas un mot de simple sympathie. Rien ! Le garde municipal est également au courant de cette situation. À plusieurs reprises il est venu, sans contrôle toutefois, constater qu’une personne dormait bien dans une voiture sur la place Arago.

Il est urgent d’agir par simple humanité

D’après nos informations, un contact aurait été pris avec l’élue ayant en charge l’action sociale. Il aurait été recommandé à Frédéric d’établir un dossier pour essayer d’obtenir un logement HLM (ce dossier à l’heure où nous écrivons, devrait avoir été déposé). Dans les situations d’infortune, comme celle dont nous vous entretenons, nous pensons qu’il est urgent de faire le contraire : on met à l’abri en procurant un toit, ensuite, on se préoccupe des papiers. Ce n’est quand même pas top compliqué philosophiquement comme manière de penser il nous semble. C’est tellement logique, humain. Est-ce trop demander, alors que nous savons que des cas similaires ont pu être réglés dans l’urgence.
Pendant ce temps, un risque de phlébite menace Frédéric. Les nuits passées à dormir dans sa voiture ne sont certainement pas pour rien à cette situation médicinale.
Les réflexions tortueuses, pourront penser que nous ne pouvons pas accueillir toutes les misères du monde, il n’en reste pas moins qu’il est question là, d’une seule personne ayant des amis dans le village.
Dans une cité, ou le FN fait des scores électoraux inattendus, est-ce bien prudent de prêter le flanc à laisser supposer par la population, que ce parti extrémiste, finalement, n’aurait pas si tord que cela en rejetant tout ce qui ne rentre pas dans les normes bien-pensantes ? L’inaction avérée des services municipaux et des élus n’entretient-elle pas cette pensée nauséabonde ?
Nous ne pouvons que terminer par une pensée du « Che » : « Nous pouvons douter de tout, sauf de notre devoir d’être toujours au côté des humiliés qui luttent ».

Joseph JOURDA.