Cinquante ans ! Oui, vous avez bien lu : un demi-siècle que Paule AUER, “Polo” pour les intimes, a fondé le pressing de la Route-Nationale, qui traverse le village, pour aller à la plage ou à Collioure. Le hasard, qui fait souvent bien les choses, veut que le 13 novembre c’est aussi l’anniversaire de son très sympathique ex époux, Richard COSTA, toujours prêt à rendre service, qui vit également à Argelès-sur-Mer et avec lequel elle a gardé une précieuse convivialité, quotidiennement. Tous les deux sont d’ailleurs les parents d’une autre célébrité locale : Thierry COSTA, qu’on ne présente plus.

Retour sur Paule. C’est en rentrant d’une Algérie française accédant à l’Indépendance, qu’elle s’installe à Argelès-sur-Mer. Plus tard, elle décide d’ouvrir un pressing. Et le groupe de musique féminin américain populaire originaire de Détroit (Michigan), Diana ROSS and THE SUPREMES, chantait “Where did our love go”, enchaînant les tubes. Et les étudiants se révoltaient à coups de barricades pour soulever la France. Le sénateur Radical-de-Gauche Gaston PAMS est alors maire d’Argelès-sur-Mer, depuis mai 1953 (il le demeurera jusqu’à son décès, en février 1981)… 1968, c’est aussi l’année où l’immense poète-chanteur Léo FERRé perd son chimpanzé femelle, Pépée. Cela vous paraîtra peut-être anecdotique, mais dans le cÅ“ur de Polo les animaux ont une place “hé-naur-me” ! Tant qu’elle sera là, aucun d’entre eux ne dormira dehors, serait-on tenté de dire, tellement elle s’occupe d’eux. Quand le rideau de sa boutique est baissé : elle se rend chez des personnes âgées du centre-village pour sortir et divertir leur chien ou leur chat. Elle s’active pour le propriétaire de La Ferme du Bonheur, répondant “présente” à chaque opération caritative pour aider à la gestion des lieux. Me Brigitte de CAPèLE, aujourd’hui à la retraite, qui fut dans les P-O l’avocate de la SPA, domiciliée à Saint-André et élue au conseil municipal d’Argelès-sur-Mer, vient la voir régulièrement, comme cliente, mais surtout comme confidente. Car après tant de décennies passées dans son pressing, Paule AUER a noué avec sa clientèle – Qui vient parfois de très loin, Cerbère ou Céret ! – des liens étroits, amicaux, indéfectibles. Elle est invitée aux baptêmes, aux mariages… et bien sûr, quand l’une d’entre elles ou l’un d’entre eux disparait, et que la cérémonie des obsèques se déroule à l’église du village, elle n’hésite pas à scotcher un mot sur la vitrine de son commerce pour courir y assister.

Cinquante ans plus tard, elle est toujours là, rayonnante, sublime. Le temps l’a oublié, à faire pâlir d’envie et de rage les Amanda LEAR et autres Karl LAGERFELD qui passent eux leur temps à tricher avec le calendrier pour gommer des années de naissance, au point de se nicher dans la case des amnésiques.

Elle, Paule, c’est tout le contraire, l’inverse : elle défie le temps, quotidiennement, sans se préoccuper du poids des années qui passent, de l’Histoire qui illustre l’almanach Vermot… Elle est là. Fidèle au rendez-vous, professionnelle jusqu’au bout. Elle est censée, de par son métier, faire disparaître les tâches, mais le moindre détail du vêtement que vous lui confiez, dans une anomalie de la couture ou d’un ourlet, par exemple, saura attirer son attention. Elle est comme ça, “Polo”, soucieuse de perpétuer un savoir-faire unique ! Elle est, dans le rayonnement attractif de l’économie argelésienne, une force de frappe sur le territoire, au même titre que les LORMAND (Hôtellerie-Groupe familial Roussill’hôtels), ATHANER (BTP-immobilier)… Elle fait partie de ces artisans, de ces commerçants, de ces petites et moyennes entreprises qui sont le cÅ“ur de l’économie locale, qui sont un lien social indispensable pour l’Avenir.