J’ai souhaité répondre aux propos de monsieur Pierre AYLAGAS (NDLR – ancien député PS de la 4ème circonscription des P-O, actuel président de la communauté de communes Albères-Côte Vermeille-Illibéris), datant du 3 janvier sur ce même journal en ligne, en lui posant, en tant qu’élu d’Opposition sur la commune de Port-Vendres, la question suivante : « a-t-on bien dit toute la vérité aux élus et à la population pour le 3ème quai ? ».
«J’ai toujours entendu les représentants de la Chambre de Commerce et d’Industrie des P-O (CCI’66) dire que l’on allait sauver le port grâce à la construction d’un 3ème quai capable de recevoir de plus grands bateaux. Personnellement je n’y ai jamais cru.
On découvre aujourd’hui que monsieur le préfet a bien autorisé la construction de ce nouveau quai mais en a limité son accès aux bateaux de moins de 155 mètres. Cette limitation qui vaut interdiction pour les plus grands bateaux ne signe t-elle pas l’arrêt de mort d’un projet perdant ainsi toute son utilité, toute sa légitimité? Comment monsieur AYLAGAS connaissant vraisemblablement cette clause restrictive, peut-il continuer à défendre l’indéfendable, continuer à défendre un projet mort-né ?
Les élus qui ont voté à l’unanimité (moins une voix et non des moindres) au Conseil Départemental pour la reprise de la propriété du port par le Département lui tendent tacitement la main.
En tant qu’élu, j’ai moi-même participé à plusieurs reprises à des votes voulant cautionner ce nouvel aménagement portuaire. J’ai préféré m’abstenir (j’aurais voté contre aujourd’hui) en disant bien haut qu’aucun des élus assis autour de la table du conseil municipal, en commençant par monsieur le maire lui-même, ne pouvait prétendre avoir une connaissance approfondie du dossier et en mesurer toute les incertitudes. Etais-je loin de la vérité ?
Une vérité qui éclate aujourd’hui au grand jour si l‘on considère la situation désespérée du port : la CCI’66 a tout abandonné. C’est fait pour la pêche, ce sera le cas pour le commerce et la plaisance à la fin de l’année 2018. Il n’y a aucun budget de la région ni pour le quai, ni pour le port.
En outre, n’ayons aucune illusion sur un quelconque avenir commercial face aux ports voisins de Sète (dans le département de l’Hérault), mais surtout celui de Port-La-Nouvelle (Aude). Ne feint-on pas d’ignorer leur existence quand on sait qu’un grand quai de 400 m de long devrait être opérationnel en 2020 à Port-La-Nouvelle ? Ce qui n’arrange rien, c’est notre énorme handicap pour remettre aux normes des quais qui restent aujourd’hui dans un état catastrophique.
Qui aura le courage, Monsieur AYLAGAS, de briser l’omerta d’un port piteusement végétatif, accueillant avec frilosité, c’est le cas à l’heure ou j’écris ces lignes, quelques rares cargos en fin de vie, toussotant intra-muros d’âcres fumées noirâtres éminemment polluantes ? Le temps presse.
La fin programmée du commerce nous oblige ainsi à préparer un projet tourné vers la grande plaisance et la croisière sans oublier les pêcheurs. Il faudra proposer aux croisiéristes une autre destination que la Cité de Carcassonne (Aude) en valorisant les atouts culturels et événementiels liés à la grande richesse de notre patrimoine local ou l’accueil ne se fera plus dans des bungalows improvisés entourés de grillages austères.
L’immense bâtiment baptisé «gare maritime» dominant le port, sinistre fantôme d’un passé glorieux, est vidé à ce jour de toute vocation. Il devra retrouver une dignité et une utilité depuis longtemps perdues ou être détruit. L’actuelle aire de stockage des containers malmenant avec violence l’esthétique de notre palette paysagère devra être remplacée, sans être utopiste ou rêveur, par des pôles de recherches et d’activités liés à la biodiversité, l’énergie et l’étude de la faune et de la flore marines dans un but d’expérimentations scientifiques, médicales et autres.
Monsieur AYLAGAS dit défendre la protection des emplois. Qui pourrait-être contre ? D’ailleurs, dans le contexte que je viens d’exposer, ses propos ne remettent-ils pas implicitement en question les emplois actuels ?
C’est à la reconversion du personnel et à sa protection qu’il faudra s’attaquer.
A terme nous devrons chercher une solution dans les emplois créés par un grand projet de rupture et d’innovation. J’ai conscience qu’il nous faudra du temps.
Nous avons perdu 20 ans. Il est temps d’agir enfin».

Pierre LEBERGER
Conseiller municipal d’Opposition à Port-Vendres, « liste REUSSIR »