Le gâchis catalan

 

par Olivier AMIEL, adjoint au maire de Perpignan, Docteur en droit

 

Deux ans après avoir répondu dans une tribune à Jean-Michel Quatrepoint qui imaginait une Catalogne indépendante jusqu’à Perpignan, je reste persuadé qu’aucun mouvement rattachiste n’est envisageable tant le sentiment d’appartenance à un possible Etat-Nation catalan plutôt que Français ne reste partagé que par une poignée de « doux-dingues » de notre côté des Pyrénées… Les catalans du Nord ne peuvent pas être indifférents à ce qu’il se passe au Sud, mais ils restent comme l’affirmait le poète roussillonnais Albert Bausil en 1920 des « catalanistes d’esprit, de sentiment, de langue, de traditions, mais français d’abord »

Cependant, il y a deux ans je restais très dubitatif sur la création même d’un Etat-Nation catalan, tant la solution négociée me semblait s’imposer en Espagne.

Le catalan, peuple de marchands, a toujours été empreint d’un pragmatisme faisant de son autonomisme un mouvement pacifiste et non violent.

C’est pourquoi dans une région où le séparatisme était encore il y a quelques années ultra minoritaire (il le serait tout juste encore d’après un sondage de juillet) la négociation avec le pouvoir central sur davantage d’autonomie fiscale et de reconnaissance pour sa langue, aurait permis d’éviter la crise actuelle.

En effet l’intransigeance des deux bords a conduit à une escalade dangereuse avec d’une part le pouvoir central conduit par un parti politique qui n’a jamais (sauf très et trop récemment) permis une négociation sur les aspirations d’une grande partie de la société catalane qui se serait contentée d’avantages accordés par exemple au Pays Basque, devenant ainsi l’ « idiot utile » d’un indépendantisme radical qui ne pouvait espérer mieux pour faire valoir l’ambition séparatiste d’un magma politique hétéroclite rassemblant les indépendantistes les plus durs de l’extrême gauche à la démocratie chrétienne…

Deux intransigeances alimentées par deux fables en direction de la communauté internationale : le retour du franquisme d’un côté, le danger de séparatistes faisant tache d’huile en Europe de l’autre…

Nous ne pouvons pas regarder sous le seul prisme français ce qui se passe à notre frontière, le centralisme français s’est fondé dans des périodes progressistes et républicaines, ce n’est pas le cas de l’Espagne depuis la monarchie absolue jusqu’au Franquisme… d’où l’existence aujourd’hui d’un Etat régional (dans lequel coexistent des communautés à l’autonomie variable) qui peut et doit continuer à vivre, si tant est que le gâchis catalan issu des intransigeances des deux bords  laisse enfin  la place au compromis voulu par une majorité d’espagnols et de catalans.

Olivier AMIEL.

(PHOTOPQR/L’INDEPENDANT/MICHEL CLEMENTZ / PERPIGNAN LE 1ER SEPTEMBRE 2017 / PROJET URBAIN / FLUICITY / HOTEL D’AGGLOMERATION PERPIGNAN MEDITERRANEE METROPOLE / OLIVIER AMIEL)