Le maire de Perpignan, Jean-Marc PUJOL, annonce vouloir frapper du poing sur la table. Il veut obliger la société Indigo chargée par son conseil municipal de la gestion du stationnement à Perpignan à faire passer le seuil de tolérance pour les dépassements de tickets de 2 à 4 minutes. Tel Bonaparte à l’assaut du pont d’Arcole, il va négocier 2 minutes de sursis pour les automobilistes perpignanais et des alentours ! Braves citoyens, dormez bien, on s’occupe de vous pour vous protéger !

 

La situation serait cocasse, si elle n’était pas dilatoire et de pure communication. En pratique, si elle était acceptée par la société Indigo, ce qui n’est pas garanti tant son avidité est grande, qu’est-ce que cela changerait concrètement ? Pas grand-chose en réalité. Deux minutes, c’est à peine le temps de fumer la cigarette du condamné… Deux minutes, c’est surtout le temps de coller un PV (pardon, un forfait post-stationnement…) à la voiture d’à côté pour ensuite revenir une fois le délai fatidique enfin écoulé.

 

Cette proposition dilatoire n’a pour seul objectif que d’occulter les responsabilités du Maire dans la situation de plus en plus intenable qui prévaut à Perpignan pour le stationnement. La société privée Indigo a pour unique but la rentabilité de la gestion qui lui a été concédée, et donc d’accroître par (presque) tous les moyens ses bénéfices. A quand le repérage des voitures garées sur des places payantes avant 9h et 14h (ce qui est autorisé car gratuit dans ces tranches horaires) pour ensuite se précipiter pour les verbaliser à partir de 9h 04 et 14h 04 ? Jean-Marc PUJOL a bien introduit le loup dans la bergerie, avec la privatisation et la marchandisation du stationnement à Perpignan, en faveur de la « Ferme générale » (qui prélevait les impôts pour la monarchie au cours de l’Ancien Régime en se payant grassement sur la bête, c’est-à-dire les sujets du roi) des temps modernes.

 

La thèse de « l’héroïsme pour deux minutes » ne tient pas. Peut-être Monsieur le maire visait-il à s’octroyer modestement « deux minutes d’héroïsme » ? Auquel cas, ce serait effectivement très modeste, en deçà du quart d’heure de célébrité promis à chacun par Andy Warhol…

 

En ce moment de préparation de l’épreuve de philosophie du baccalauréat, nous soumettons à la réflexion de chacun le sujet suivant : « Le cocasse signifie-t-il que l’on se moque nécessairement de son auditoire en considérant ses membres comme des imbéciles ? ». Ou comme des vaches à lait pour des intérêts privés…

 

Francis DASPE, animateur d’un groupe d’action de Perpignan de La France Insoumise.