Une enquête publique sur le partage des eaux du Tech est en cours, attention à des choix qui pourraient avoir des conséquences graves pour l’avenir.

Enquête publique sur le SAGE – Schéma d’Aménagement et de Gestion de l’Eau – Tech-Albères : contribution de Nicolas Garcia, au titre de maire d’Elne de 2001 à 2014, conseiller municipal d’Elne, conseiller communautaire à la communauté de communes ACVI et surtout de trois vice-présidents du Conseil Départemental en charge des politiques de l’eau.

En préalable, je me permets de noter que les éléments donnés dans le SAGE concernant l’usage en eau potable : alimentation du quaternaire, fragilité du Tech très souvent en déficit d’eau, augmentation régulière de la population notamment près de l’embouchure du Tech, nécessité de pérenniser et de sécuriser la ressource par le biais de maillages, nécessité de « se tourner » vers la retenue Villeneuve-de-la-Raho (dont l’eau provient d’une autre vallée), nécessité de rechercher de nouvelles ressources alternatives… Tout cela conforte la proposition portée par le Conseil Départemental des Pyrénées Orientales à savoir la création à l’horizon 2020, d’un syndicat mixte départemental de production d’eau potable, composée des EPCI et du Département. L’objectif est qu’ensemble les citoyens, au travers de leurs collectivités, aient la maitrise qualitative et quantitative complète de la ressource en eau du département, qu’elle provienne du Pliocène, du quaternaire, de la rivière…

Concernant l’enquête proprement dite et son contenu, je souhaite évoquer la question du Canal d’Elne et surtout celle du Paléochenal qui alimente les nappes quaternaires dans lesquelles puisent leur eau potable les communes d’Elne, Latour Bas Elne et Saint Cyprien et qui constituent aussi leur réserve pour l’avenir.

Sur la partie aval du Tech, du Boulou à la mer, 5 ouvrages transversaux majeurs ont été édifiés afin de répondre à divers besoins (alimentation eau potable, irrigation, voirie, etc.). Toutefois, la présence de ces ouvrages a un impact négatif sur l’environnement puisqu’ils perturbent notamment la libre circulation piscicole et sédimentaire. Aujourd’hui, les différents propriétaires de ces seuils ont une obligation réglementaire, à savoir 2018, pour réaliser des travaux qui permettront de rendre leur ouvrage transparent vis-à-vis de la continuité écologique. Dans ce contexte, le Syndicat gérant les eaux du Tech (SIGA) s’est porté maître d’ouvrage pour réaliser une étude globale afin de définir le meilleur scénario d’aménagement pour chacun des 5 seuils concernés en fonction des différents enjeux, contraintes et usages. Ceci permettant d’épauler les propriétaires, de mutualiser les différentes études afin d’effectuer des économies d’échelles et de les aider à obtenir un maximum de financement public.

Une étude divisée en 2 phases :

  • la première consiste à définir les différents scénarios d’aménagements pour chacun des ouvrages (étude terminée) ;
  • la seconde vise à étudier les conséquences de l’abaissement des côtes des seuils sur les connexions entre le Tech et les nappes phréatiques utilisées pour l’alimentation en eau potable (en cours de démarrage – été 2017).

Ainsi plusieurs scénarios sont possibles mais les résultats de l’étude complémentaire seront déterminants pour valider les solutions d’aménagements finales.

Cependant il est possible, qu’un abaissement de la côte de ces seuils soit réalisé qui aurait pour conséquence de déconnecter les différentes prises d’eau. Dans ce cas de figure, des stations de pompage seraient mises en place afin de pouvoir renvoyer l’eau du Tech vers les canaux.

SITUATION CANAL D’ELNE :

Le canal d’Elne est le plus ancien canal présent sur le Tech (plus de 1000 ans), outre son usage agricole, il possède une valeur patrimoniale précieuse, il assure aussi le maintien d’une biodiversité et l’irrigation de parcelles agricole ou des jardins ouvriers. Ce canal est alimenté en eau par l’intermédiaire d’un seuil présent sur le Tech qui perturbe la libre circulation piscicole et sédimentaire. Aujourd’hui, la réglementation oblige (à tort ou à raison) le propriétaire du seuil à restaurer cette continuité écologique dans un délai extrêmement proche (2018). Ainsi, le SIGA du Tech s’est porté maître d’ouvrage pour la réalisation d’une étude globale afin de définir les différents aménagements envisageables pour chacun des seuils concernés.

La deuxième partie de l’étude va démarrer et permettra de définir le scénario d’aménagement :

  • passe à poisson avec maintien de la côte du seuil : pas de déconnexion canal/Tech ;
  • passe à poisson avec abaissement partiel de la côte du seuil : déconnexion du canal et réalisation d’une station de pompage.

Je pense donc que rien ne doit être mis en œuvre avant que toutes les études ne soient terminées et en particulier celle qui vise à démontrer que l’abaissement des seuils et notamment celui situé au droit de la prise d’eau du Canal d’Elne « resclosa », n’entraine pas un désamorçage du Paléochenal (probablement irréversible si cela arrivait), « asséchant » à terme les nappes quaternaires citées plus haut ? Ce risque existe en temps normal et serait à coup sûr aggravé en cas de plusieurs années consécutives de sècheresse, scénario que plus personne ne peut sérieusement exclure. On ne peut raisonnablement prendre ce risque très grave, s’il s’avère que celui-ci existe. Par ailleurs et quoiqu’il en soit, il faut aussi la certitude, la garantie, que le maintien de l’alimentation en eau du canal d’Elne sera préservée d’une manière ou d’une autre.