Histoire de fromage (…)

“Alors, c’est l’histoire du camembert qui dit au roquefort …”

 

– “Quelle secousse dans le petit monde perpignanais que celle provoquée par la délibération du dernier conseil municipal concernant l’augmentation des indemnités de certains élus de la majorité !

Chacun y va de son petit pamphlet, se drapant dans le voile d’une vertu de circonstance, histoire d’accréditer l’idée de leur virginité retrouvée …

Posons les éléments du débat, puisque débat il y a, lorsque des débats, des vrais, on voudrait qu’il y en ait sur la pauvreté dans cette ville, sur l’absence de toute dynamique de développement et d’emploi, sur les fermetures ici ou là, sur l’absence d’initiative publique ou privée, … bref, sur le phénomène de repli sur soi d’une ville condamnée à ne célébrer que les quelques grands moments de son passé.

D’un côté, des élus de la majorité, adjoints ou simples conseillers municipaux, auxquels on a confié des délégations ou des mandats qu’ils n’avaient pas en 2014. On leur attribue les indemnités qui vont avec. Ni plus, et même un peu moins – disent-ils – que ce qu’autorise la loi. Sont-ils dans le besoin ? Non, mais ils y ont droit (…) et force est de constater que le temps de travail d’un élu (local, régional ou national) est bien mieux rémunéré que tout autre temps de travail.

De l’autre côté, un élu de l’opposition, député européen, qui s’indigne en oubliant que son mandat lui rapporte 12 341 euros par mois au moins (chiffres pour 2014 : 8 020,53 euros de traitement mensuel et 4 320 euros d’indemnité de frais généraux). Le même qui aurait avoué que si le conseil municipal avait eu la “sagesse” de décider d’une augmentation de l’indemnité de ses comparses FN, il aurait voté sans rien dire cette délibération (…)

Et soudainement surgit dans le débat – aux côtés de tous ceux qui se commettent ici ou là sur la toile ou ailleurs, et n’aspirent en fait, directement ou indirectement, qu’à prendre la place dans ce système sans le changer bien évidemment – l’ancien maire sénateur de la ville (NDLR, Jean-Paul ALDUY) !  Celui-là même qui nous (le groupe d’opposition de gauche, éradiqués depuis lors, le groupe et la gauche) avait traité de “populiste” et de “démago” lorsque nous avions proposé en 2009 de diminuer les indemnités de tous les élus, nous compris (pour nous, de 300 euros par mois, nous passions à 200 euros mensuels) …

Celui-là même qui, à la suite du procès que j’avais intenté – à titre personnel – contre l’Agglomération, avait refusé d’appliquer le jugement du Tribunal administratif de Montpellier du 23 avril 2013 et avait continué de verser des indemnités à 27 vice-présidents de trop : au lieu de 15 comme la loi l’exigeait, il avait décidé d’avoir 42 vice-présidents, dont la grasse rémunération étouffait les éventuelles velléités de pensée…

Plus de 500 000 euros (visibles) de trop par an, et depuis 2010. “Mesquine”, “minable” m’avait-il répondu, que sont ces deux millions d’euros (depuis 2010) dans le budget de l’Agglo ? Pas même une gouttelette d’eau …

Et ça vient donner des leçons sur son blog !!! Et ça ose prendre l’exemple des élus de “Podemos” pour en “emprunter” la vertu !!!

Alors, que les choses soient claires, ce n’est pas la rémunération de ces six ou sept élus qui est indécente et indigne (bien qu’à leur place -hypothèse surréaliste- je ne sortirais plus que la tête enfouie dans un sac), c’est le système de rémunération de tous les élus, ces nouveaux riches de la République. Et c’est ça la plus grande hypocrisie de la démocratie française.

“Que veux-tu faire plus tard ?” demande-t-on à l’enfant “Axurit”. “Je veux être élu. Je vais rentrer dans un parti, je vais lécher les bottes de celui/celle qui le dirige, je vais avaler toutes les couleuvres qu’il faut, je vais renoncer à toute pulsion de sincérité et d’honnêteté en disant aux gens ce qu’ils veulent entendre et, un jour, je serai choisi, je serai l’élu et peut-être même que je cumulerai plusieurs mandats. Et là, après, je ferai tout ce qu’il faut pour y rester…”

 

 

Jacqueline AMIEL-DONAT

Membre fondateur de “Désobé!r “