La validation du nouveau Projet d’Intérêt Général (PIG) de la Ligne Nouvelle Montpellier – Perpignan (LNMP) en vue d’une prochaine procédure de Déclaration d’utilité publique (DUP)…

PREAMBULE

Notre association PMCV (Protection Maintien du Cadre de Vie) engagée depuis 1990, hors de tout lobby, dans un combat toujours positif pour l’arrivée du TGV en Roussillon dans le respect de son territoire, est la seule qui par sa mobilisation, son site www.tgv-roussillon.fr et ses réunions publiques a créé un lien permanent entre la population, les élus du département et la SNCF.
Depuis 2012, nous avons dû réagir face aux modifications de tracé qui bouleversaient fortement la donne en Roussillon et avons obtenu de 2014 à ce jour, le soutien d’un nombre important d’élus locaux, de responsables et partis politiques du département, du SCOT, outre les maires concernés par la section Rivesaltes-Le Soler.
Le dernier PIG validant le projet LNMP date de 2000, a été reconduit régulièrement depuis et a connu des évolutions validées par les décisions ministérielles de 2016 et 2017.
En conséquence SNCF réseau lance du 22 octobre au 23 novembre 2018 une consultation afin d’actualiser le PIG de la LNMP et de valider son nouveau tracé.
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LES DERNIERES DECLARATIONS SUR LE PROJET

Il aura fallu attendre début juillet 2017 la petite phrase du chef de l’Etat :
« La promesse que je veux qu’ensemble nous tenions pour les années à venir, c’est ceci : (…) ne pas relancer de grands projets nouveaux mais s’engager à financer le renouvellement des infrastructures »,
pour que depuis résonne de toute part le OUI collectif au TGV de la part de l’ensemble des responsables politiques, économiques de Toulouse à Montpellier via Perpignan, tous unis dans un même combat, avec l’appui des médias, organisant deux réunions d’informations de niveau national.
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Alors après 28 ans de combat 1990-2018,
nous ne pouvions qu’être partie prenante de cette évolution positive.

Dans le cadre de la préparation à la réunion du 29 novembre 2017 à Perpignan l’Indépendant donnait la parole aux citoyens pour questionner la Présidente de région Madame Carole DELGA qui répondait à nos questions ainsi :

« Le projet tel qu’il est prévu passe bien sûr par Perpignan et la desserte voyageurs est une de nos priorités.
Le phasage pour Rivesaltes-Le Soler, tronçon qui se fera plus tard au regard de l’évolution de la montée en puissance du fret notamment, est un chantier prioritaire.
Le fret est, en effet indispensable à l’économie des P.O. Je veillerai à un impact faible du tronçon nord, comme cela a pu être expliqué lors de la concertation publique il y a plus d’un an, avec des réponses précises apportées à chaque habitant, professionnelles ou exploitant agricoles. »
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Le Premier ministre Edouard Philippe a accordé le 26 octobre 2018 un entretien à Midi Libre et a précisé concernant la réalisation des 2 LGV d’Occitanie (Bordeaux-Toulouse et Montpellier-Perpignan) : « Il faudra faire des choix. Nous ne nous interdisons rien mais nos priorités vont aux transports du quotidien. Les Français savent que construire de nouvelles infrastructures au détriment de l’entretien des réseaux a un coût, une gêne, un impact pour eux. On doit penser à eux.
Il est certain que la réalisation de ces projets se fera en plusieurs étapes et qu’il faudra par exemple commencer en priorité par dé-saturer les nœuds ferroviaires de Bordeaux et de Toulouse. »

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ALORS LGV-TGV… TOUJOURS D’ACTUALITE ?

 

Un projet 1990-2018 toujours à durée indéterminée, seule l’actualisation du Projet d’intérêt général (PIG) indispensable à sa survie est mis en œuvre. Les décisions sont toujours attendues, nous passons du chaud au froid et, aux dernières nouvelles 2037 semble être le nouvel objectif de la réalisation du projet.

En décembre 2013, sur la base de prévisions optimistes, après la réalisation du tunnel sous le Perthus, une gare TGV toute neuve liée à un complexe commercial, la ligne Perpignan-Barcelone est inaugurée et Perpignan est annoncé comme la banlieue de Barcelone.

Cinq ans après, fiasco général, l’ensemble commercial Centre Del Mon s’est vidé, la plate forme ferroviaire Saint Charles est en déficit permanent, le trafic sous le tunnel du Perthus est inexistant, TP Ferro a déposé son bilan, l’Etat Français et Espagnol en comblent le déficit, alors qu’actuellement se réalise la 3ème voie de l’autoroute A9 du BOULOU au PERTHUS.

Aujourd’hui, l’espoir subsiste car un TGV privé va desservir Barcelone Perpignan et Narbonne. De plus, sur l’ensemble immobilier Centre del mon, le Groupe immobilier SOFIDEC relève le défi d’une réhabilitation. D’un autre côté, à Montpellier, la Gare de la Mogère est en difficulté et en gare de Nîmes la desserte TGV OUIGO est supprimée sans préavis.

Depuis près de trente ans nous attendons l’arrivée du TGV, alors pressons pour qu’une arrivée du TGV en Roussillon positive notre Gare Centre, notre économie et évitons que la plaine du Roussillon ne devienne qu’un simple droit de passage international c’est pourquoi l’association PMCV s’oppose à la section « Plaine du Roussillon », simplement parce qu’il fait perdre à notre département tous les avantages du TGV.

LA GARE CENTRE

La suppression de la gare-halte TGV de Rivesaltes du projet, valorise de fait l’unique gare de Perpignan dans les Pyrénées Orientales, nouvellement réhabilitée en Gare Centre TGV.

Dernièrement nous apprenions que le nombre de voyageurs accueillis par la gare de Perpignan était de 1 948 294 en 2016 contre 1 534 080 en 2014 c’est dire l’impact touristique de notre destination malgré un faible trafic ferroviaire lié au chaînon manquant, un temps trajet Paris Perpignan de plus de 5 heures et un coût de trajet prohibitif.

Dans le projet actualisé il est prévu un trafic de 34 TGV voyageurs, cette situation permet d’espérer une évolution positive car Perpignan restera d’une part sur une LGV internationale et parti prenante sur 4 métropoles : Toulouse-Montpellier-Perpignan-Barcelone.

Mais que devient la ville de Perpignan si l’on crée la déviation Rivesaltes – Le Soler ?

La création de cette déviation, l’éliminera définitivement de cet axe car ne rêvons pas, ceux sont les opérateurs financiers qui décideront du nombre de TGV en gare de Perpignan comme le démontre l’actualité à Nîmes où il a été décidé sans préavis de la suppression de la desserte TGV OUIGO, sans aucune préoccupation pour la population.

De 34 TGV, le trafic passera à 6-8 TGV jour maximum.

Nos responsables devraient méditer sur leur impuissance face aux opérateurs et leurs exigences économiques.

Pour l’arrêt en gare Centre Del Mon, les détracteurs avancent une perte de temps de 20 minutes sur le trajet. Cette information n’a jamais été validée par la SNCF, alors que sur la base actuelle de la ligne Perpignan-Barcelone, avec arrêt la réalité est de l’ordre de 7 minutes.

Sur le plan économique, que représentent ces 7 minutes sur le trajet Amsterdam, Berlin, Milan, Paris à destination de Barcelone – Madrid face à la concurrence du transport aérien en terme de temps.

LE FERROUTAGE et LE TRACE PLAINE DU ROUSSILLON

Le constat : malgré nos structures sur Port-Vendres – St Charles – Le Boulou, la création de la ligne TGV PERPIGNAN-BARCELONE en décembre 2013 soit 5 ans déjà, aujourd’hui il ne passe que 29 trains de marchandises en GARE CENTRE et on ne manque pas de faire en permanence référence au 13 000 camions /jours sur l’autoroute que l’on porte à trois voies aujourd’hui,
pour expliquer que le tracé Plaine du Roussillon est indispensable à l’évolution du ferroutage !

Si la LGV Montpellier-Perpignan est un chantier prioritaire qui ne peut que valoriser les investissements réalisés, l’affirmation « Le fret est, en effet indispensable à l’économie des P.O., pour valider le tracé plaine du Roussillon » ne nous paraît pas sérieuse.
Actuellement, le projet du tronçon mixte Rivesaltes-Le Soler constitue un triple paradoxe :

1-Car il rejoint la ligne classique dédiée au fret à partir de Rivesaltes pour prendre la direction de Béziers, c’est-à-dire la même ligne qu’en Gare Centre actuellement.

2-Les accès entrée-sortie des trains de marchandises sur la plate forme ferroviaire de Saint-Charles restent exclusivement sur la ligne classique via Gare Centre Perpignan, c’est-à-dire hors de ce nouveau tracé donc sans incidence possible sur la plate forme Saint Charles.

3-Comme indiqué Il détournera obligatoirement le trafic voyageur international de la Gare Centre au libre choix des opérateurs.

Et, que deviendra à terme cette plate forme importante pour la ZI de Saint Charles ?

Dans le contexte actuel, on nous reparle des autoroutes ferroviaires, qui depuis des années n’arrivent pas à drainer le trafic malgré les subventions allouées, par exemple au Boulou départ de la seconde autoroute ferroviaire de France en direction de Bettembourg (Luxembourg) combien de trains inclus dans le trafic global de 29 trains/jour ? Rappelons que la Cour des comptes dans son rapport annuel de 2011 indique que « le concept peine à faire ses preuves sur les plans économique et financier » et ajoute par la suite que « les autoroutes ferroviaires ne pourront être une opportunité […] qu’à la condition de démontrer leur capacité à fonctionner à terme sans aide financière publique ».

Lors d’une interview France Bleu Roussillon, le journaliste Mathieu FERRY demandait à Yves CROZET économiste français spécialiste de l’économie des transports ex administrateur de RFF « Est-ce qu’un raccordement digne de ce nom vers le port de Barcelone ça pourrait changer quelque chose ? »

« OUI UN PETIT PEU, mais c’est la même chose quand un conteneur arrive à Barcelone est-ce qu’il a des raisons de remplir un train complet avec des containeurs qui vont repartir vers la France. NON, la plupart des conteneurs arrivent à Barcelone sont destinés à l’Espagne et dont ils vont être dépotés comme on dit. Le contenu du conteneur va être éclaté pour être transporté à Madrid, à Séville etc. Une partie peut-être, peut aller à Toulouse ou à Perpignan mais vous n’avez pas la quantité nécessaire pour transporter un train de par exemple 75 wagons de conteneurs.

Le transport ferroviaire, il est massifié et si vous n’avez pas des grandes masses à transporter, quant bien même vous auriez le meilleur tunnel du monde et les meilleures autoroutes ferroviaires du monde, de toute façon vous n’avez pas les volumes de trafic.»

LE TERRITOIRE – L’ENVIRONNEMENT

En dehors des éléments économiques évoqués, qu’en sera t-il enfin de notre environnement en plaine du Roussillon, de notre territoire viticole, de la qualité de vie pour six de nos villages fortement impactés (Espira de l’Agly, Baixas, Peyrestortes, Baho, Villeneuve La Rivière, Le Soler).

Nous rappelons que La ligne nouvelle traverse la zone urbaine de Sainte Eugénie et son canal d’irrigation, franchit perpendiculairement la RN 116 puis la Têt et ses zones inondables associées (classées en ZNIEFF de type 1 et en Espace Naturel Sensible), entre Villeneuve-la-Rivière et Baho.

Elle remonte ensuite sur le plateau viticole de Baixas, traverse les vignobles de la Plaine du Roussillon qui se poursuivent jusqu’au pied des Corbières Orientales.

Soit une magnifique cicatrice de14 km en plaine du Roussillon, portée à près de 20 km avec le raccordement prévu pour le passage du fret de la ligne LGV mixte à la ligne classique Rivesaltes-Béziers.

Alors quid de l’impact agricole sur ce territoire, car la viticulture est l’activité principale des terres agricoles traversées, toutes en AOC c’est dire le préjudice irrémédiablement perdu et la solution préconisée « faire du stock afin de créer du disponibles pour replanter » est plus facile à présenter sur le papier qu’à réaliser sur le terrain.

De plus pour traverser le Ribéral, franchir La Têt et relier le plateau au nord de Baho aux collines de Le Soler la ligne sera en remblais de plus de 8-10 mètres de hauteur. Outre l’impact visuel évident, l’étendue des nuisances sonores sur les villages de Peyrestortes, Baho, Villeneuve La Rivière et Le Soler sont difficilement quantifiables. L’expérience nous démontre que sur toutes les LGV, construites en France les riverains se rendent compte à l’usage mais bien entendu trop tard de l’impact sur leur vie du passage des TGV. Des questions restent sans réponse, quel sera l’impact réel sur :

la vie des habitants et l’immobilier des communes limitrophes ?
l’écologique, le vignoble de Baixas, l’écoulement de la Têt et les risques d’inondation ?
le paysage de nos garrigues ?

Pour quelle prise en compte des préjudices subis ?

 

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EN CONCLUSION

Dans ces conditions, comment croire aux nouvelles prévisions pour valider la section « Plaine du Roussillon » qui représente de fait un unique droit de passage international au détriment de notre département. D’un coût de l’ordre de 500 à 600 millions d’euros générateur d’un complément évident de déficit permanent alors qu’en plaine du Roussillon, le trafic ferroviaire est loin d’être saturé ?

En effet, actuellement le trafic Gare Centre est de 50 trains/jour pour une prévision réaliste à terme de l’ordre de 100-120 trains/jour, évolution représentant seulement 50 % du trafic actuel de la Gare St Roch de même dimension en plein centre de Montpellier.

En 2015 face au refus majoritaire de nos élus locaux, responsables et partis politiques du département sur la création du tronçon Rivesaltes – Le Soler « Plaine du Roussillon », SNCF Réseau a accordé que le phasage de ce tronçon se fera plus tard au regard de l’évolution de la montée en puissance du fret en liaison du trafic en Gare Centre.

Dans la décision ministérielle du 29 janvier 2016, il est indiqué « …la réalisation du tronçon entre Rivesaltes et Toulouges, dont l’horizon d’engagement pourra être utilement éclairé par les travaux de l’observatoire de la saturation ferroviaire entre Nîmes et Perpignan ».

Nous attendions donc un engagement clair dans le dossier PIG, indiquant le niveau du volume de trafic ferroviaire, qui déclenchera une fois la LGV Montpellier-Perpignan réalisée la décision de mise en chantier de ce tronçon.

Or aucun engagement n’est précisé dans le PIG sur ce point, aucun frein pour entraver la réalisation de la ligne, c’est pourquoi nous disons :

OUI à la LGV MONTPELLIER-PERPIGNAN-GARE CENTRE qui ouvrira l’axe européen et désenclavera définitivement Perpignan.

NON à la création de la section Rivesaltes – Toulouges.

Défendons ensemble cet engagement, car nous sommes persuadés que l’étude de l’évolution du trafic, permettra à terme l’officialisation de la suppression du tronçon Rivesaltes-Le Soler dans l’intérêt économique de notre département et la préservation de notre territoire.

Voilà simplement les convictions que notre association s’efforcera de faire valoir à l’occasion de la consultation lancée pour la validation du PIG qui entérinera le tracé de la LNMP en particulier celui de la ligne mixte dans le secteur Rivesaltes – Toulouges que nous continuons de qualifier de « contournement de Perpignan » inutile.

Le bureau de PMCV.