“De nombreux députés LaREM, notamment, continuent de s’arcbouter à l’argumentaire développé par le gouvernement et aux mesurettes prises jusqu’à présent. Ils ressassent à l’envi la baisse de la taxe d’habitation, la suppression de cotisations sociales et encore, et toujours le « besoin d’explications, de pédagogie ». Leur leçon bien apprise et répétée en boucle n’apporte jusqu’ici aucune réponse concrète aux difficultés exprimées par les Gilets jaunes.

D’autre part, le gouvernement n’est pas un professeur et les Gilets jaunes ne sont pas leurs élèves. Il y a bien longtemps que nous avons compris le message : « payez, payez et taisez-vous ». Or, ce qui ressort de la colère qui éclate depuis dix jours, n’est pas l‘expression d’une mauvaise volonté des Français, mais l’impossibilité où ils se trouvent de précisément continuer à payez inlassablement car ils n’ont plus rien. Actuellement, bienheureux ceux qui terminent le mois avec zéro sur leur compte, car la majorité d’entre nous plongeons régulièrement dans le rouge.
Il est tout à fait indigne au XXIe siècle, en France, de vivre dans de telles conditions.

Le gouvernement et les élus se retranchent derrière une trentaine d’années d’inaction de leurs prédécesseurs. Lorsque ces Messieurs Dames sont arrivés au pouvoir, ils n‘étaient pas sans connaître la situation. À jouer la victimisation, ils ne calment pas notre colère. M. Macron a sans doute oublié qu’il a, durant deux ans, été ministre de l’économie du président Hollande et a apporté sa contribution à la casse sociale.

Il veut favoriser le travail ? Très bien, comment faire lorsqu’il devient impossible de faire le plein de son véhicule pour aller travailler ? Comment se fait-il que, malgré de belles promesses, le chômage soit toujours aussi important dans ce pays ? Comment se fait-il que des formations soient payantes et les lieux de formation si éloignés du domicile des personnes souhaitant se reconvertir ou améliorer leurs compétences professionnelles ?

Concernant l’écologie, le gouvernement tient des propos tout à fait hallucinants. On nous oppose « fins de mois difficiles contre fin du monde » et le nombre de morts dû à la pollution. Rien que ça !
Décidément, ce gouvernement nous tient véritablement pour des demeurés. Qui a incité les Français à acheter des diesels ?
Chacun d’entre eux est conscient de la nécessité d’une transition écologique. Ce n’est pas une raison pour l’imposer de manière brutale et, finalement, préparée à la hâte.
M. Macron et son gouvernement veulent faire de la France un pays précurseur et exemplaire en la matière. Pour ce faire, il faudrait en premier lieu que le pays en ait les moyens et qu’un plan raisonnable et réaliste ait été élaboré en amont.
Si les Français ne changent pas de véhicule, c’est tout bonnement que leurs finances ne leur permettent pas. Le passage au tout électrique ne constitue pas non plus une solution raisonnable. D’une part, l’indépendance énergétique ne pourra pas être assurée puisque les gisements de terres et métaux rares se trouvent à l’étranger et que leur extraction est détenue également par des puissances étrangères. D’autre part, l’exploitation de ces gisements va engendrer une nouvelle catastrophe écologique.
Enfin, le problème de l’élimination ou du recyclage des batteries électriques n’est pas solutionné. Par conséquent, ce qui nous est actuellement proposé ne ressemble qu’à un petit bricolage très brouillon.
Il serait beaucoup plus rationnel d’étudier sérieusement la recherche d’autres sources énergétiques non polluantes et d’autres carburants.

Depuis Bruxelles, M. Macron ironise sur le fait que les Gilets jaunes réclament « moins de taxes et plus de services publics » ! Non, Monsieur, cette demande n’est pas paradoxale, mais bien justifiée. Nous nous questionnons simplement sur l’usage qui est fait de l’argent public et sur la mauvaise maîtrise de la dépense publique. Des bureaux de poste, des écoles ferment, de lignes ferroviaires sont supprimées parce que non rentables, les transports publics accusent régulièrement des retards, ils sont sales et n’assurent même pas la sécurité des passagers. Tout ceci n’étant qu’un mince éventail des dysfonctionnements que les Français constatent chaque jour.

Au plan de la réduction de la dépense publique, il serait judicieux de réduire le mille-feuilles des collectivités et revenir au modèle plus rationnel : État – départements – communes.
Les intercommunalités et régions coûtent énormément aux contribuables : il convient de financer les locaux, l’infrastructure informatique/bureautique, le personnel administratif et les indemnités bien trop élevées des élus. Tous ces échelons diluent les compétences lorsqu’ils n’engendrent pas des doublons.

Par ailleurs, il n’est pas étonnant que les Gilets jaunes rejettent les politiques et syndicats. Tous autant qu’ils sont ont contribué à l’explosion de la colère qui s’exprime aujourd’hui et qui est encore attisée par le manque de considération et de respect des autorités. Inutile de constituer un Haut Commissariat pour le climat (un collège d’experts dédié existe déjà), de réunir syndicats, ONG, associations diverses et variées. Cela fait dix jours que nous vous déclarons ne pas en vouloir.
Certes, les décideurs en place ont été élus démocratiquement. Mais lorsqu’un président et les élus ne respectent plus leurs concitoyens, ne les écoutent plus, ne les représentent plus et, cerise sur le gâteau, les paupérisent en lieu et place d’améliorer leur quotidien, ces gouvernants et élus ont alors perdu leur légitimité.

Bien que n’étant à vos yeux que des illettrés, alcooliques, fainéants, récalcitrants, bref, des gueux pour résumer tous ces jolis compliments, les Gilets jaunes demandent à être reçus à l’Élysée en délégations départementales pour exposer une synthèse de leurs principales revendications qui peuvent être satisfaites, non pas à moyen ou à long terme, mais dans les plus brefs délais”.

 

 

Gilet jaune des P-O.