Nicolas GARCIA, vice-président du Conseil Départemental des Pyrénées-Orientales, en charge de l’eau, communique :

 

La ressource en eau du Département n’est pas rare mais la gestion que nous en faisons la met en danger!
Le réchauffement climatique entrainant une transformation de la climatologie et de la pluviométrie dans un département plutôt bien pourvu en nappes, rivières et équipements de stockage d’eau brute, doit amener les élus à une réflexion sur la gestion immédiate pour le long terme de la ressource en eau.

 

Parlons essentiellement de la production d’eau (du point de captage à la sortie du château d’eau) et laissons de côté la distribution et l’assainissement. Quelle est la situation actuelle ? Depuis qu’existe les mesures des nappes « plio-quaternaires » (profondes et moins profondes) et le cours des fleuves jamais les niveaux d’eau n’ont été aussi bas. Pas une zone du département, pas un cours d’eau n’est en situation excédentaire et même s’il y a de fortes inégalités, pas un coin des P-O n’est à l’abri de problèmes de pénurie d’eau demain. Par exemple c’est la première fois dans l’histoire qu’un préfet doit prendre des arrêtés sécheresse en automne et en hiver.

 

Notre département continue de croitre et il est impossible d’interdire à qui que se soi de venir d’installer en catalogne nord, mais nos nappes sont en situation de crise partout. Dans le même temps nous avons des nappes profondes (pliocène) et superficielles (quaternaire) sur toute la plaine du Roussillon, trois ou quatre cours d’eau qui, pour ainsi dire, naissent et meurent sur le territoire départemental, un karst sous les Corbières, deux barrages (Vinça et Caramany), une retenue d’eau (Villeneuve), le problème vient donc de la gestion de la ressource !

 

Que devrions-nous faire pour garantir aux générations futures une eau de qualité en quantité nécessaire, sans faire appel au tuyau du Rhône ou à la désalinisation, (solutions couteuses, de faible qualité et peu respectueuses de l’environnement) ? 20 millions de M3 sont nécessaires si l’on veut faire face aux besoins pour les décennies à venir. Les services du Conseil Départemental et le syndicat des nappes de la Plaine du Roussillon que je préside, ont identifié : 5 millions de m3 sous le Karst, 7 millions dans la retenue d’eau de Villeneuve, 5 millions dans le quaternaire Elne – Canet et 5 millions dans les économies d’eau et la rentabilité des réseaux de distribution dont seule la moitié pourra être réutilisée.

 

Des investissements énormes seront nécessaires mais même les plus importantes collectivités ne pourront y faire face seule. Voilà pourquoi le Département, historiquement impliqué dans l’eau, propose aux collectivités propriétaires, parfois gestionnaires des 450 ouvrages de production d’eau potable dans les PO (1), de mutualiser leurs équipements, leur savoir-faire, leur gestion, dans un syndicat mixte départemental de production et de vente d’eau potable. Le seul moyen de maîtriser la qualité et la quantité de la ressource en eau, est de placer cette richesse, propriété collective, sous contrôle citoyen au travers des collectivités territoriales. Permettez-moi une image : grâce à la mutualisation et la sécurisation par un intelligent maillage départemental, imaginons « un poste de commande unique » à partir duquel l’eau potable serait envoyée au gré des saisons, de la climatologie, des besoins, de lieux qui en disposent vers d’autres moins bien pourvus. Le syndicat pourrait ainsi garantir à tous une eau de qualité en quantité nécessaire, sans perdre de vue l’objectif premier : préserver la ressource.

 

Si ceux qui répètent à l’envie que nous empruntons la terre à nos enfants, crois à cette maxime, alors ils doivent s’associer dans une structure démocratique ouverte où la solidarité entre citoyens, territoires et collectivités soit la règle.

 

(1) 90 communes, 17 petits syndicats intercommunaux, 4 communautés de communes.