Où allons-nous pouvoir commencer le décompte ? Par quel événement entamerons-nous la liste ? La tâche nous semble démesurée tant l’énormité des abandons nous donne le frisson. Rassurez-vous, ce frisson de fièvre, n’est pas la conséquence de la canicule, mais plutôt celui causé par l’abandon de notre ruralité par ceux qui en ont la charge au plus près des citoyens.

Ce n’est pas l’effet de l’été chaud dont nous avons tous à nous préserver, mais bien les abandons politiques constatés qui nous donnent le charivari. Ils nous donnent la fièvre, le tournis, l’envie de crier notre désarroi, notre colère, devant tant de coups portés à notre monde rural, nos valeurs, notre service public, sans qu’un seul mot ne soit prononcé pour s’élever contre ces renoncements.

En quelques mois, des abandons constatés

Allez ! Lançons-nous, tel le chevalier Bayard, « sans peur et sans reproche » et tant pis si la liste n’est pas dans l’ordre et si nous n’arrivons pas au bout tant elle est longue.
Parlons du manifeste signé par 86 maires du département, dénonçant les atteintes faites en Catalogne du Sud, aux libertés fondamentales d’expression, de réunion, d’opinions. Cet événement, relayé par la presse locale en son temps, ne semble pas avoir ému plus que cela nos édiles municipaux. Il est question pourtant, de démocratie bafouée dans le pays voisin, à quelques encablures de nos rires. Pardon, de nos pleurs ! Nous avons espéré un temps, un sursaut de fierté, de prise en compte de la politique internationaliste de ceux qui dirigent la commune. Rien ! Il est vrai que notre maire, Roger FERRER, est depuis recensé comme « divers gauche » et non plus PCF. Y aurait-il un lien de cause à effet ?
Dans la même période, des rubans jaunes avaient été noués sur les montants de la balustrade du pont traversant l’Agly par des mains amies. Ils ont été enlevés subrepticement. Aucun mouvement de foule organisé pour s’en offusquer, mais nous n’en demandions pas autant.

Le compteur Linky

Entre les deux tours des législatives, la CGT fait signer une pétition s’opposant au compteur Linky. Dans toutes les discussions possibles avec les habitants et y compris sur les réseaux sociaux, ce nouveau compteur est loin de faire l’unanimité et des explications sont demandées, nécessaires. Dans le même temps, les HLM construisent des appartements. Quelle n’est pas notre surprise lorsque nous apprenons que ces compteurs sont installés dans les habitations neuves. Ces dernières, seraient-elles le cheval de Troie pour faire accepter, à toute la cité, sans concertation aucune, ces compteurs qui posent problème ? Le grand frisson ne viendra pas de Dame électricité. Une petite dose de courage politique, aurait certainement été nécessaire pour dire : « Nous n’en voulons pas, cherchez d’autres solutions ».

La perception de Saint-Paul-de-Fenouillet et le changement d’étiquette politique

Plus proche de nous, la perception de Saint-Paul-de-Fenouillet. Tous les maires ont été avertis de la fermeture probable de certaines perceptions par un courrier, là aussi, envoyé par la CGT. Mis à part le maire de Saillagouse, pas de réactions relative à l’angoisse de ne plus pouvoir payer les impôts. Hum !
Je ne parlerais pas du changement d’étiquette du maire, ni de l’abandon de celle du premier adjoint, Raymond MANCHON. Les électeurs qui leur avaient accordé leur confiance sur la base d’un positionnement politique, resteront sur leur faim. Ils ne connaîtront pas les causes de ces revirements pour le moins intempestifs, de ces renoncements à leur engagement politique.
Nous ne parlerons pas non plus des problèmes posés par la baisse du niveau de la nappe alimentant en eau le village. Rien d’envisagé pour demain ? Aucune réflexion ?
Pourtant, les météorologues sont clairs : nous devons nous habituer à de telles situations à cause du réchauffement climatique. Ce qui revient à dire que des initiatives doivent impérativement être prises. Si demain, nous n’avons pas d’eau pour dissiper nos frissons, la fièvre risque de monter d’un cran et le frisson risque de se transformer en changements.
Bien d’autres abandons, dont celui de la reconnaissance du pluralisme de la presse qui nous tiens tant à cÅ“ur, sont autant manifestes. Comme celui de la sécurité des biens et des personnes, même s’il est nécessaire d’agir avec discernement dans ce domaine. Encore faut-il agir !
Et que dire des éoliennes dont nous ne savons plus rien, pourtant tant attendues par ceux qui espèrent encore la précieuse manne.

L’idée de renoncement bien ancrée

En un mot, notre constatation est des plus simples. L’idée de renoncement est bien ancrée dans les positions des édiles municipaux. En fait, ils plient définitivement devant les orientations de l’Europe, devant le relais représenté par notre président, dans ces mauvais coups portés au monde rural, à la démocratie municipale, à tout ce qui fait notre plaisir et l’intérêt de vivre dans notre beau pays. Le rêve de ceux qui dirigent l’Europe n’est-il pas de supprimer le rôle du maire en le transformant en fonctionnaire ?
Nous avons bien d’autres renoncements dans nos tiroirs. Rassurez-vous, nous ne jetterons pas la clé tant, notre volonté est grande de « rechercher la vérité et de la dire » comme disait Jean Jaurès. Nous aurons très vraisemblablement l’occasion d’y revenir.
Au fait, nous espérons que la fête Arago n’est pas abandonnée, car pour le moment, le silence radio est de mise sur cet événement festif. Pour les Estagelloises et les Estagellois, ce serait le comble du renoncement.

Joseph JOURDA.