Des heures d’émissions de télévision, de radio ; des soirées à écouter les candidats, parfois au nombre de quatre, parfois à onze. Des kilomètres de papiers noircis par des journalistes faisant leur métier au mieux des éléments qui leur sont fournis. Mais sur le terrain qu’en est-il ?

Quelques tracts distribués à la sauvette, souvent la nuit. Parfois par des équipes venant d’ailleurs et n’ayant aucune connaissance du terrain, encore moins des gens. Quelques affiches collées çà et là. En vérité, rien de bien passionnant.

Où sont donc les militants ?

Dans des temps pas si reculés, tout était organisé en bas par les militants, peu importe leur appartenance politique. Les affiches officielles étaient posées par les soutiens aux candidats. Aujourd’hui, ce sont des entreprises qui sont payées pour accomplir cette tâche. Précédemment, c’était l’occasion d’avoir des rapports avec les élus responsables de la mise en place des panneaux électoraux, ceci d’autant plus dans les petits villages de notre chère ruralité.
Les tracts, parfois nationaux, venaient souvent en deuxième position, derrière ceux réfléchis, rédigés, par les adhérents de tel ou tel parti. Une véritable confrontation d’idées avait lieu entre gens du cru. Les discussions, parfois, vives, toujours passionnées, s’achevaient bien souvent au bistrot du coin où les palabres continuaient et ou chacun refaisait le monde à sa façon.
Les réunions publiques, n’attendaient pas la présence d’un « ténor » pour être organisées. Elles avaient bien lieu et étaient attendues comme des moments importants dans la vie du village, du quartier. Elles n’existent plus aujourd’hui, car, comme certains le disent, « plus personne ne vient ».
Mais hier comme aujourd’hui, pour faire participer les citoyens, il faut convaincre et encore convaincre, inlassablement, jour après jour. Il faut aussi avoir des arguments. Ceux venus d’en haut ne correspondant pas toujours à la réalité du terrain, même si l’orientation politique reste la même. Il faut donc se donner de la peine. Il n’existe pas de raccourcis possibles. L’engagement militant est la force indispensable pour toute réussite.

Pourquoi cette situation ?

Il faut croire que les citoyens ont des réticences à s’engager en politique. Il est certain que lorsqu’ils ont connaissance des sommes rétribuées aux élus, ils n’acceptent plus de porter les valises. Mener campagne pour qu’un tel ou un tel puisse avoir accès à quelques petits privilèges et arrondir d’une manière confortable ses revenus, ils ne marchent plus. Ils ont trop de soucis pour boucler leur fin de mois. Leur regard se porte ailleurs, ils restent silencieux. Ils s’en vont bien souvent, sur la pointe des pieds, avec le sentiment d’avoir étés abusés. Avec la perspective de ne plus se faire prendre.
C’est donc, quelque part, une moralisation de la politique qu’il faut mettre en Å“uvre pour espérer retrouver cet halant indispensable pour faire avancer les causes, les justes causes. Quelles soient prises en compte par le plus grand nombre.
Pour cette campagne des présidentielles, même dans le village ou le maire a parrainé tel ou tel candidat, rien de tangible n’est venu affirmer la position. Tout semble se passer dans l’incognito le plus parfait.
Tout cela, n’est vraiment pas bon pour la démocratie.

Joseph JOURDA.