“L’indépendantisme perd la majorité au parlement catalan”
( par Aurélie CHAMEROIS – 9 octobre 2018)

La rupture est consommée entre la gauche indépendantiste d’Esquerra Republicana de Catalunya (ERC) et la droite puigdemontiste de Junts Per Catalunya (JxC).
Les indépendantistes ont perdu aujourd’hui leur fragile majorité en Catalogne suite à la décision du Bureau du Parlement de ne pas autoriser le vote par procuration de Carles Puigdemont et de trois autres députés, actuellement placés en détention préventive.
Les voix des représentants d’ERC et du Parti Socialiste Catalan (PSC) ainsi que l’abstention de Ciutadans ont donc révoqué aujourd’hui le pacte effectué entre JxC et la gauche indépendantiste jeudi dernier. Cette décision du Bureau fait suite à un rapport émis par les avocats du Parlement informant qu’un tel accord serait illégal. Depuis les dernières élections catalanes, ERC et en particulier Roger Torrent, le président du parlement, optent pour un retour à un indépendantisme modéré et respectueux des lois, dans l’espoir que le procureur de l’Etat renonce à l’accusation de rébellion et la remplace par un simple trouble à l’ordre public, tandis que la formation de Carles Puigdemont poursuit sa stratégie de défiance des institutions espagnoles, estimant ne plus rien avoir à perdre.

Les députés votent contre l’auto-détermination
Conséquence immédiate du refus de procuration : le camp indépendantiste ne compte plus 69 voix mais 65. La proposition de résolution de la CUP affirmant que l’auto-détermination de la Catalogne est un droit “inaliénable” n’a donc pas pu être approuvée cet après-midi, le scrutin menant à une égalité des voix : 65 contre 65. La résolution réclamant un référendum négocié avec l’Etat espagnol a toutefois, elle, pu être votée grâce au soutien de la CUP et des députés d’En Comú-Podem. Les résolutions n’ont dans tous les cas aucune valeur légale, mais incitent l’exécutif régional à prendre les mesures nécessaires pour leur mise en place.
Ce nouvel épisode met en lumière ce que beaucoup craignaient depuis des mois : un divorce consommé entre ERC et JxC. Il faudra sans doute attendre la fin du procès des leaders poursuivis suite au référendum interdit d’octobre 2017 pour que le camp séparatiste envisage une nouvelle stratégie commune.