Les événements qui ont lieu actuellement au sud des Pyrénées, où se joue une partie de bras de fer entre Barcelone et Madrid, ne laissent pas indifférents les habitants du Roussillon, du moins sur la toile. A entendre tous les sons de cloche – et pas uniquement les refrains venus d’un seul côté – on constate que sur les blogs politiques, de droite, de gauche et d’ailleurs, ce n’est pas du tout la même ambiance que celle martelée dans les medias…

“Il de notre responsabilité en temps que communistes de lutter contre ces pratiques franquistes. Le problème n’est plus de prendre position sur l’indépendance ou pas. Le problème c’est la démocratie”, souligne une militante du PCF’66.

C’est d’ailleurs certainement, dans les P-O, au sein du Parti Communiste que paradoxalement le débat d’idées est le plus riche, le plus intense : “Je pense personnellement que le PCF national et départemental, l’ANECR au plan national, l’Huma, devraient aussi faire des déclarations s’insurgeant contre les atteintes à la démocratie chez nos voisins. C’est grave on se croirait revenu aux pires heures du Franquisme. A ce rythme tout peux arriver y compris le pire durant les 15 jours à venir, car enfin le comportement de Rajoy ne débouche que sur une forte augmentation du oui à l’indépendance dans les sondages et donc peut aboutir à une catastrophe. Chacun doit se rendre compte que le débat n’est pas Indépendance de la Catalogne ou pas Indépendance, mais démocratie ou pas démocratie dans un pays de la communauté européenne. Des journalistes ou des élus (dont 750 maires sur 850) sont fliqués, menacés d’emprisonnement, placés en garde à vue durant des heures, des salariés et leur véhicules fouillés, des dizaines d’imprimeries visitées, des centaines de milliers de tracts et de bulletins de vote saisis, la lumière coupée dans des locaux où se tiennent des réunions publiques appelant au référendum, des fonctionnaires menacés de révocation et leurs salaires ajournés, des locaux postaux fouillés, des courriers personnels ouverts parfois sans mandat de perquisition … tout ça par la Guardia Civil sur ordre du Procureur Général de l’État espagnol. Un communiste peut-il se taire ?”.

Mais tous les communistes ne partagent pas cette opinion : “Agir et s’exprimer pour la défense de la liberté d’expression je suis d’accord, et il y a longtemps que les Communistes Français n’ont pas de leçon à recevoir sur ce sujet. Dénoncer des actes du Gouvernement Rajoy qui vont à l’encontre de ces libertés je suis toujours d’accord. Mais d’amalgame en manipulation d’expression qui reviennent toujours à soutenir les initiatives du référendum unilatéral pour le oui à l’indépendance, je ne suis plus d’accord. La Généralitat et le conglomérat de partis qui soutiennent “Junt per el Si ” ne sont pas clair. Pas clair politiquement sur les objectifs poursuivis et même pas clair démocratiquement sur le fond et la forme du référendum du premier Octobre. La démocratie ce n’est pas
nécessairement seulement la forme référendaire surtout lorsqu’elle a été  votée selon des procédures d’urgence et d’exception (…). Je n’ai aucune envie de servir de piétaille aux manÅ“uvres de la bourgeoisie catalane qui avec ou sans grand C tirera les marrons du feu d’un affaiblissement des solidarités populaires des peuples d’Espagne, sous prétexte d’une prééminence de l’indépendance sur tout autre considération. Enfin, arrêtons de sur-jouer sur l’affectif et ceux qui auraient la plus grosse poussée de testostérone,  ce n’est pas la troisième manche de la guerre d’Espagne qui se joue mais la capacité – ou pas – d’entrainer tous les peuples d’Espagne sur des avancées sociales économiques et démocratiques dans le contexte d’aujourd’hui”.

Ailleurs, toujours sur la blogosphère, c’est un dissident du PS qui avertit et qui s’étonne : “Attention à ne pas se tromper de combat et de tout mélanger ! Se lever pour la démocratie,  oui, oui et oui ! Mais utiliser la manifestation anti ordonnances du Roi Macron pour aller ensuite devant le consulat d’Espagne… A l’arrivée, la lecture sociale du mouvement des travailleurs pour défendre leur beefsteak promet d’être illisible (…)”.

A droite, un élu interpelle sur son Facebook privé : “Les séparatistes sont majoritaires en sièges au parlement catalan depuis septembre 2015. C’est vrai. Mais les Catalans sont très partagés sur la question de l’Indépendance, selon les sondages. J’ai lu dans un quotidien national qu’aux élections régionales en 2015, les Indépendantistes avaient obtenu 47,6% des suffrages et le camp soutenant le maintien en Espagne 51,28%”. J’ai aussi lu que plus de 70% des Catalans souhaitent cependant pouvoir s’exprimer à travers un référendum en bonne et due forme, selon tous les sondages. Enfin, preuve qu’on ne nous dit pas tout, les méchants dans cette affaire ne sont pas que d’un côté. J’ai appris que les maires qui refusaient d’organiser le référendum dans leur commune – ils seraient aux environs de 150 à 200 dans toute la Catalogne – avaient leur portrait affiché publiquement comme s’il s’agissait de mettre un contrat sur leur tête, une mise à prix ! C’est ça la démocratie à la catalane ? Plutôt inquiétant, non ?”.

Retour à gauche : “Personnellement, ces montées nationalistes, tous ces mots qui finissent en “istes” m’exaspèrent comme ce débat sans fin sur un nom de région… Recentrons-nous sur les priorités du moment, à savoir : le Code du Travail et, à travers lui : le chômage, la précarité, le mal-logement, les retraites…”.

Mais encore : “A lire les diverses contributions j’ai au moins l’impression que nous sommes au bout de la terre et non à 30 km de la frontière espagnole dont un bon quart de la population est issu, et dont 50 % sont des Catalans. Pendant que vous vous posez mille questions 700 maires sur 850 sont menacés de sanctions ; la Guardia Civil intercepte et occupent journaux et le parlement catalan est bloqué poursuivi par la justice ces financements suspendus, en promettant quand même de payer les salariés, interdit un référendum d’autodétermination sous prétexte que tous les Espagnols devraient y participer (a-t-on fait voter les Français pour savoir si Mayotte serait département Français ?), organise des manoeuvres militaires juste le lundi suivant le référendum interdit, etc. Et tout ceci ne vous empêche pas de dormir ! On papote, on critique les initiatives, mais on ne voit pas le danger. Vous n’avez aucun souvenir de l’histoire ? Le peuple catalan demande l’indépendance parce qu’il subit depuis des siècles les persécutions, et qu’on a atteint un seuil de non retour. Au lieu de discuter et de convaincre les Catalans de leur intérêt a rester en Espagne, ils subissent les menaces permanentes. Et vous appelez ça une démocratie ?, avec un roi  imposé par Franco. C’est  la région catalane plus importante sur le plan économique qu’il ne faut pas perdre, d’autant que cette démarche soutenue par d’autres régions et d’autres pays ferait tâche d’huile. D’où silence radio de l’Europe, de la France ? (…)”.