La sympathique et très professionnelle équipe du restaurant “Le Dibi”, avec Romain JARRIGE à gauche, et le chef Moussa qui tient les fourneaux de mains de maître depuis quatre années, sur la droite.

 

Romain JARRIGE. Retenez bien ce nom ! Depuis vingt ans qu’il est dans la station – il a surtout grandi au restaurant La Bécassine comme nombre de restaurateurs et cuisiniers qui y ont été formés sous la houlette de Christian GRANDMAISON – il connaît tout le sérail par cÅ“ur. Et par passion. Il sait les habitudes des autochtones, des touristes, des habitués, c’est au contact de tous qu’il a compris les nouvelles façons de manger, sauf que lui, au lieu de se jeter à corps perdu dans le Bio, de se lancer dans les effets de mode, il a d’abord senti l’envie des consommateurs de se mettre à “bien manger” à partir des circuits courts. En bref, consommer des produits locaux ; de l’étable à l’assiette sans passer par les airs, la mer, la route ou une production digne d’une fresque cinématographique !

Il y a cinq ans, déjà, lorsque Romain JARRIGE s’installe aux commandes du Dibi, dans un angle piétonnier stratégique situé au centre d’Argelès-plage, juste en face de La Bécassine, il a en tête de bâtir en quelque sorte une ferme d’élevage de bovins et d’ovins à la plage. Fallait y penser. Fallait surtout oser. Sur quelques dizaines de mètres carrés à peine, c’est carrément l’atmosphère d’un mini rancho avec sa (fausse) clôture électrique, ses barrières, sa mise en place et tout le mobilier, qu’il a reconstitué. C’est tellement vrai, que l’on s’y croirait. Il ne manque plus qu’à habiller le personnel en cowboys et placer le bétail aux alentours.

Mais, et c’est là l’originalité de l’établissement, Romain JARRIGE ne s’est pas contenté du décorum, d’appuyer son business sur la légende du Far West avec quelques clins d’Å“il de circonstance, de “westerniser” le climat, d’accentuer un univers de fiction : il est allé pécher à la source, en l’occurrence plutôt chasser à l’abattoir de Perpignan pour en revenir avec des idées pour donner à ses steaks et autres côtelettes d’agneau (catalan of course) ce qu’une majorité de consommateurs européens recherchent désormais : la tra-ça-bi-li-té ! Ainsi, toutes les viandes proposées à la carte de l’établissement sont issues d’éleveurs-producteurs locaux.

Alors que bien souvent, dans la station, les restaurateurs s’affrontent (pacifiquement on vous rassure) à coups de paella gargantuesques, de moules-frites pantagruéliques, de poulets-rôtis façon tourne broche  permanente “danse des canards” sur linoléum huilé (…) et de calamars-à-la-planxa plus ou moins rocambolesques, lui, vous l’avez deviné, s’est spécialisé dans la viande. Et, croyez-le, même au bord de l’eau, les pieds dans le sable face à la Méditerranée, il y a de vrais et grands amateurs du genre. Certes, désormais, il n’y a pas qu’au Dibi que l’on peut savourer une excellente côte de bÅ“uf proportionnée pour une ou deux personnes, que l’on peut faire confiance à l’exigence de qualité, mais Romain JARRIGE a ajouté l’exigence de proximité.

Dans une période où les prix, le végétarisme et les campagnes contre la souffrance animale commencent à avoir un impact sur une partie de la population, il fallait être audacieux pour se spécialiser dans le créneau de la viande rouge. Le Dibi a tout pour être labellisé tant le contenu de chaque assiette répond au souci de l’époque et de la nouvelle génération.