Prix Méditerranée 2018 : Kamel Daoud (ci-contre), Daniel Mendelsohn, Cyril Dion parmi les lauréats

Le jury du prix Méditerranée, présidé par Dominique Fernandez, de l’académie française a dévoilé vendredi à Paris la liste de ses lauréats 2018.

Le Prix Méditerranée, qui compte parmi ses membres Jean-Christophe Rufin, Amin Maalouf, Patrick Poivre d’Arvor, Christine Fabresse, Dominique Bona et Jean-Marc Pujol, a choisi de couronné cette année l’écrivain algérien Kamel Daoud qui reçoit le prix Méditerranée 2018 pour son deuxième roman « Zabor, ou les psaumes ». Paru en France aux éditions Actes sud, le roman est édité à Alger par les éditions Barzakh. Jean-Marc Pujol , maire de Perpignan n’a pas caché sa satisfaction : « J’admire son écriture et son courage. Ses romans et ses chroniques me fascinent. Les écrits de Kamel Daoud incarnent mes interrogations sur le monde. »

Né en 1970 à Mostaganem (300 km à l’ouest d’Alger), Kamel Daoud a suivi des études de lettres françaises après un bac en mathématiques. Il est journaliste au Quotidien d’Oran – troisième quotidien national francophone d’Algérie –, où il a longtemps été rédacteur en chef et où il tient depuis douze ans la chronique quotidienne la plus lue d’Algérie. Ses articles sont régulièrement repris par la presse française (Libération, Le Monde, Courrier international…). Il vit à Oran.

Son premier roman, Meursault, contre-enquête, traduit dans une trentaine de langues (réponse littéraire à L’étranger de Camus), a rencontré un immense succès dans le monde entier et a notamment reçu en 2015 le prix Goncourt du premier roman. Comme Albert Camus, l’Algérien Kamel Daoud, est né, en 1970, dans une famille dépourvue de livres. A travers le personnage d’Ismaël, dit Zabor, narrateur de ­Zabor ou Les Psaumes, Kamel Daoud décrit un miracle dont il fit, sans doute, l’expérience : la naissance à la littérature.

Sur les traces d’Ulysse

L’Odyssée intime de l’écrivain américain Daniel Mendelsohn, Une odyssée, Un père, un fils, une épopée traduit de l’anglais (Etats-Unis) chez Flammarion a reçu de son côté le Prix Méditerranée étranger 2018. Né à Long Island en 1960, Daniel Mendelsohn devient, après des études de lettres classiques, critique littéraire. Traduit dans une douzaine de pays, Les disparus ont été couronnés par de nombreux prix littéraires dont le prix Médicis étranger et le prix Lire du meilleur livre de l’année 2007. Il est aujourd’hui professeur de littérature classique à Bard College aux Etats-Unis, Daniel Mendelsohn, est l’un des contributeurs majeurs de la célèbre «New York Review of Books». Tel Télémaque parlant d’Ulysse, l’auteur évoque dans son récit distingué par le Prix Méditerranée sa relation à son père dans une lumineuse analyse littéraire et autobiographique.

Le jury a attribué une mention spéciale au roman de l’écrivain albanais Bashkim Shehu. Dans l’Albanie totalitaire du second XXe siècle mise en scène par Le jeu, la chute du ciel, l’existence d’Aleks Krasta, condamné sans savoir pourquoi comme « traître à la patrie », témoigne pour des milliers d’autres, qui ont chacun « un livre entier à raconter »…

L’aventure du film «Demain»

Le jury a également été touché par le premier roman de Cyril Dion, Imago. L’auteur nous livre un récit sensible, intimiste et politique. En suivant les trajectoires de personnages entre la France et la Palestine, le lecteur voyage dans les méandres d’identités en quête de libération. Une voie profonde et subtile emprunte d’humanisme. Réalisateur, scénariste, auteur, poète, Cyril Dion est sur tous les fronts pour panser les maux de la planète. Il est le coréalisateur, avec Mélanie Laurent, du film Demain. Son documentaire «vert», récompensé d’un César et vu par plus d’un million de spectateurs, a renouvelé la façon de traiter de l’écologie en France. On y trouve des solutions concrètes aux problèmes d’aujourd’hui puisqu’il traite 5 sujets essentiels : l’alimentation, l’énergie, l’éducation, l’économie et la démocratie. On se balade dans une dizaine de pays : en France, en Angleterre, aux Etats Unis ou encore en Inde. On se laisse surprendre par un système éducatif pionnier, des villes qui créent leur propre monnaie pour éviter la spéculation et l’accaparement des richesses, des systèmes zéros déchets. Et finalement on sort plein d’espoir. En d’autres termes, Cyril Dion c’est l’homme qui change le point de vue habituel : il se concentre plus sur les acteurs du changement et moins sur les acteurs du dérèglement climatique. Il dévoile les solutions aux problèmes. Le film Demain sera projeté à Perpignan, en présence de Cyril Dion lors des cérémonies de remise des prix Méditerranée 2018.

Le prix Méditerranée, parrainé par la Ville de Perpignan, le Conseil Départemental des Pyrénées-Orientales, la Région Occitanie/ Pyrénées-Méditerranée et la Caisse d’Epargne Languedoc-Roussillon a été fondé en 1985 à Perpignan par le Centre Méditerranéen de littérature (CML). C’est un prix majeur dans le paysage littéraire méditerranéen car, comme en témoigne son palmarès, il a su se diversifier et se décliner dans toutes les langues. La cérémonie de remise des Prix Méditerranée 2018 se déroulera le samedi 6 octobre 2018 à 15h dans les salons de l’hôtel Pams.

Le palmarès des Prix Méditerranée 2018 :

Le 33ème prix Méditerranée à Kamel Daoud pour son roman Zabor ou les Psaumes (Actes-Sud).

Le prix Méditerranée étranger 2018 à l’écrivain américain Daniel Mendelsohn (ci-dessus)pour son récit traduit en français, sous le titre Une odyssée, Un père, un fils, une épopée par Clothilde Meyer et Isabelle D. Taudière (Flammarion).

Une mention spéciale du jury est attribuée à l’écrivain albanais Bashkim Shehu pour son roman traduit par Michel Aubry, sous le titre Le jeu, la chute du ciel (Editions des quatre vivants).

 

Le Prix Méditerranée du Premier roman à Cyril Dion (ci-dessus) pour Imago (Actes Sud).

Le Prix Méditerranée de l’essai 2018 à Pierre Ducrozet pour Barcelone, histoire, Promenades, anthologie et dictionnaire (Robert-Laffont)

Le prix Méditerranée Poésie 2018 à Emmanuel Moses pour son recueil Dieu est à l’arrêt du tram (Gallimard)

Le Prix Méditerranée Roussillon 2018 à Cali pour son premier roman Seuls les enfants savent aimer (Cherche-Midi)

Le prix Méditerranée du livre d’art 2018 distingue dans la série « Beaux livres » Shakespeare à Venise, « Le Marchand de Venise » et « Othello », illustrés par la Renaissance vénitienne (Diane de Sellier) et dans la série « Catalogues », Jacques Majorelle de Félix et Amélie Marcilhac (Norma)

A noter que le nom du lauréat du Prix Méditerranée des Lycéens sera rendu public par la Région Occitanie à la mi-avril