Le lauréat 2017 sera honoré, en partenariat avec le CML,  vendredi 24 novembre à 18h lors d’une cérémonie à l’hôtel de Ville de  Banyuls-Sur-Mer.

Ce nouveau prix littéraire créé  en 2017 par Jean-Pierre BONNEL et l’association « Water BENJAMIN sans frontière » ambitionne selon son fondateur «  de rendre hommage à un grand critique ou un biographe européen défenseur de la mémoire du philosophe allemand Walter BENJAMIN. »

Le 1er Prix européen de l’essai philosophique Walter Benjamin vient de récompenser le philosophe et critique de théâtre français d’origine belge Bruno Tackels pour son essai biographique intitulé « Walter Benjamin : Une vie dans les textes » (Editions Actes-Sud).  Le jury compte une douzaine de membres parmi lesquels Jean Lacoste, philosophe et traducteur de Walter Benjamin aux éditions Maurice Nadeau, Denis Karavan, artiste israélien créateur du mémorial « Passages » à Portbou (Catalogne) dédié à l’intellectuel allemand, André Bonet, président du Centre méditerranéen de littérature ainsi que l’écrivain David Foenkinos, lauréat du Prix Renaudot 2015.

Walter Benjamin, philosophe, auteur notamment des Passages, des Chroniques berlinoises, a passé sa vie à tenter de comprendre le monde en lisant. Il lisait tout, aussi bien les contes pour enfants que les textes de théâtre ou les écrits des philosophes. Il s’intéressait à tout : au devenir de l’image, à la technologie, à la poésie (il fut un grand spécialiste de Baudelaire), mais aussi à la littérature (il fut le premier introducteur et traducteur de Kafka en France et, quand il fit sa “première conférence sur lui à Paris, il y avait cinq personnes dans la salle…). Son oeuvre est considérable dans bien des domaines, et fragmentaire. Son existence aussi est fascinante. Mais comme lui-même ne pensait pas que la vie de chacun, en tout cas la sienne, était intéressante, il fallait, pour ne pas le trahir, la raconter en partant de ses textes, et les expliquer par les circonstances de la vie.

A la frontière espagnole

La méthode de Bruno Tackels s’avère passionnante, car Benjamin eut une vie amoureuse et amicale ô combien fournie et aventureuse. On pourrait même le qualifier d’aventurier. Ami de Brecht et de Scholem, cousin d’Hannah Arendt, issu d’une famille bourgeoise, Benjamin rompt très jeune avec son milieu familial et, dans les cercles intellectuels de Berlin, veut opposer sa vision du monde à la déliquescence de Weimar puis à la montée du nazisme. On connaît hélas le sort des intellectuels antifascistes : réduit à s’enfuir d’Allemagne, Benjamin ira se réfugier à Paris, cette ville qu’il aimait tant et sur laquelle il a tant écrit, puis, progressivement, se précarisera. Bruno Tackels raconte la lente dérive de cet immense intellectuel qui ne peut vivre sans sa bibliothèque, et sa transformation inéluctable en clochard céleste. Au moment de l’invasion allemande, Benjamin, après avoir été interné dans un camp de transit, retrouve ses amis exilés à Marseille. C’est là qu’il décide de s’enfuir par la frontière espagnole, là qu’il décide de se suicider. Appuyé sur un travail gigantesque nourri par la découverte d’inédits, l’auteur engage ici une démarche très personnelle : le livre s’ouvre sur la lettre qu’il envoie à Benjamin par-delà la mort.
Philosophe, essayiste et dramaturge, Bruno Tackels a déjà écrit deux essais sur Walter Benjamin : Petite introduction à Walter Benjamin (L’Harmattan, 2001) et L’Å’uvre d’art à l’époque de Walter Benjamin (L’Harmattan. 2000). Il a également coordonné un colloque important consacré à Benjamin, à Cerisy-la-Salle, en juillet 2006. Producteur d’émissions et chroniqueur à France Culture (“Tout arrive “), il enseigne également l’histoire du théâtre contemporain. Il dirige la collection “Essais” aux Solitaires intempestifs et a publié deux essais sur le théâtre : A vues (Christian Bourgois. 1997) et Fragments d’un théâtre amoureux (Solitaires intempestifs. 2001). Chez Actes Sud-Papiers, il est l’auteur d’un essai sur Didier-Georges Gabily. Avec Gabily, voyant de la langue (2003).

Entrée libre.