Mardi 7 mars et jeudi 9 mars à 19h10 l’Institut Jean Vigo propose de s’intéresser à la représentation de la folie au cinéma, à l’occasion de la sortie du dernier numéro de la revue Cinémaction « Les écrans de la déraison ».

Au programme :

Mardi 7 mars à 19h10

Courts métrages issus d’institutions psychiatriques ( Saint Alban et Lyon)

 

Regard sur la folie de Mario Ruspoli

En 1960, Mario Ruspoli décide de tourner un documentaire sur l’hôpital psychiatrique de St Alban en Lozère. Pari courageux, à une époque où la folie est un sujet tabou, totalement occulté par la société. Il suit au quotidien un groupe de médecins novateurs qui tentent une autre approche thérapeutique de la maladie, fondée sur la proximité avec les patients. Le regard généreux du cinéaste nous fait partager la relation exceptionnelle qui se noue entre soignants et soignés. La réussite de ce film est d’arriver à nous faire ressentir le décalage entre le discours cohérent de certains malades et la pathologie dont ils souffrent, montrant à quel point la folie est un univers complexe où toutes les perceptions sont faussées.

Image : Michel Brault ; Mont. : Henri Lanoë

Table-ronde Cinéma et folie animée par Jocelyn Dupont, maître de conférence en cinéma américain à l’UPVD, en présence de Kees Bakker, historien de cinéma et consultant en écriture documentaire et Nicolas Janaud, psychiatre et responsable des journées Cinépsy à Lyon.

 

 

Jeudi 9 mars à 19h10

 

Keane de Lodge H.Kerrigan

New York. Une fillette de six ans disparaît. Six mois plus tard elle n’a toujours pas été retrouvée. Son père, William Keane, erre dans une gare routière, réclamant de l’aide et montrant frénétiquement une photo aux passants, celle de sa petite fille, enlevée dans cet endroit quelques mois plus tôt. A nos yeux, William Keane, père éploré, passe d’abord pour une victime. Mais peu à peu, le doute naît, et soudain, on en est sûrs : cet homme-là a tout inventé, cet homme-là a peut-être lui-même enlevé un enfant, cet homme-là est sans doute un psychopathe. Chacun de ses gestes, chacun des actes qui trahissaient sa douleur révèlent peu à peu sa folie. Et le cinéaste joue de notre malaise. De ce héros malsain qui nous métamorphose lentement en schizophrènes. Plans séquences, cadres très serrés, photographie brute, aucune musique, l’image est comme William Keane : à vif. Mais ce parti pris de Kerrigan nous entraîne dans un tourbillon, au plus près du désespoir de Keane. Schizophrène, compulsif, Keane ne tient pas en place mais tourne en rond. Désoeuvré, le monde entier le rejette, il est en roue libre vers l’enfer. Le drame de sa vie a exacerbé ses pulsions de vie et de mort et il cumule presque rituellement les actes d’autodestruction. Oscillant entre folie, désespoir et injustice sociale, le cinéaste évite l’écueil des larmes faciles du cinéma misérabiliste.

Sc. : L. H. Kerrigan ; Image : John Foster ;
Int. : Damian Lewis, Abigail Breslin, Amy Ryan, Liza Colón-Zayas…