Philippe Claudel face aux destins tragiques des migrants en Méditerranée

L’écrivain, membre de l’Académie Goncourt, présente son roman, « L’Archipel du Chien » (Stock), mardi 17 avril à Perpignan à 18h à l’hôtel Pams, à Perpignan (Entrée libre). Une fable sombre qui dépeint une micro société confrontée à la crise migratoire.

Sur une île, un matin, trois cadavres sont rejetés par la mer. Alertés, le maire et le Docteur conviennent de les escamoter. Révéler que des migrants viennent s’échouer sur leur rivage risquerait, craignent-ils, de compromettre le projet de thermes censé réveiller l’économie endormie du lieu qui ne repose que sur la pêche. Ils soustraient les cadavres et, sur cet arpent de terre rocheuse où l’on enterre les morts debout pour prendre moins de place, les collent, le temps de trouver une solution…

Philippe Claudel constant dans sa capacité à s’indigner, dans son âpreté, dans la colère tout juste contenue qui sans cesse l’éperonne et l’anime, affleurant sous la surface de ses mots, prête à sourdre avec fracas. Près de vingt ans se sont écoulés depuis qu’on a découvert Philippe CLAUDEL avec les saturniens Meuse l’oubli (1999) et Quelques-uns des cent regrets (2000), depuis qu’on a perçu sa pente orageuse en lisant l’atrabilaire J’abandonne (2000), pamphlet contempteur de l’époque, tout en prenant la pleine mesure de son empathie dans Le Bruit des trousseaux (2002), plongée en apnée dans l’expérience carcérale, la misère affective et morale à laquelle elle réduit les hommes enfermés derrière les murs clos, loin de nos regards.

Enfant, Philippe CLAUDEL parcourait les chemins de Lorraine, se rêvant aventurier. L’âge adulte l’a mené à une agrégation de lettres, mais n’a pas diminué sa passion pour le voyage. L’écrivain, né en 1962, conçoit chacun de ses livres comme une exploration du monde, de l’histoire littéraire, des possibles. Ainsi, quand il raconte la genèse de L’Archipel du Chien, une parabole sur la crise migratoire, il pose les jalons d’une géographie imaginaire. Un lieu où le jardin de Candide serait frontalier de L’Enfer de Dante, et où Antigone enterrerait son frère aux côtés des naufragés venus d’Afrique.