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CONFERENCE : Monseigneur Olympe-Philippe Gerbet, évêque de Perpignan  de 1854 à 1864

vendredi 29 mai 2015 à l’église de Bompas à 20 h 30

par Jean-Luc Antoniazzi

docteur en Histoire

 

Aucune rue, aucune avenue, aucune place ne porte son nom. Celui-ci est seulement gravé sur la façade du Foyer Gerbet en face de l’ancien collège Maintenon à Perpignan.

L’évêque nommé par le pouvoir impérial en 1854 sur le siège épiscopal d’Elne-Perpignan est un inconnu à Perpignan. Pourtant au-delà des frontières de son nouveau diocèse, sa réputation est fermement établie. Journaliste, écrivain, frondeur, polémiste, partisan du pouvoir temporel du pape, il est l’un des esprits les plus brillants du Second Empire (1852-1870).

Ecrivain de talent dans le Paris des années 1820, ami de Montherlant, d’Alfred de Vigny et de Lamennais, Gerbet fait en 1823 la connaissance de Lacordaire, jeune bourgeois éloigné de l’Eglise catholique. L’abbé Gerbet le fait revenir à la foi. Il se convertit en 1824.

Le dimanche 23 juillet 1854 l’évêque prend possession de sa cathèdre. Le maire de Perpignan (Auguste Lloubes) commence son discours : « A peine arrivé dans votre diocèse, vous êtes déjà connu de tous, la renommée vous y a précédé. Quelque grande que soit votre réputation, nous savons que vos talents et vos vertus sont encore rehaussés par une exquise modestie. Il n’est pas donné à tous d’avoir écrit des livres qui font de l’évêque une lumière parmi les princes et les docteurs de l’Eglise ».

Son énergie se déploie dans différents domaines.

1854, une épidémie de choléra décime les Roussillonnais, il lutte avec son clergé sur le terrain pour soigner les malades.

Il développe la charité auprès des plus pauvres en faisant venir à Perpignan les Petites Sœurs des Pauvres et la Société de Saint Vincent de Paul. En pleine révolution industrielle où se creusent les inégalités, il a cette formule : « Dieu a dit à la vapeur : Rapproche les cités et les peuples ; il a dit à la charité : Rapproche les conditions et les rangs ».

Intellectuel, il réforme le Grand Séminaire (sur le lieu actuel du Campo Santo de Perpignan !), il multiplie les lettres à ses diocésains dont la plus célèbre date de 1860 : il donne « un catalogue de 85 erreurs du temps présent ». Ce mandement est lu et apprécié à Rome. Le pape Pie IX s’en inspire pour son encyclique publiée en 1864 avec le Syllabus (erreurs de ce monde). L’évêque entre ainsi dans l’Histoire.